Nutrition: équilibre, plaisir et découverte
5 questions à Anaël Stolz, diététicienne
Le 16/11/2011 par Marie-Cécile Puissochet
Comment apprendre à manger varié et équilibré ? Anaël Stolz, notre experte Nutrition, vous livre les clés d’un changement durable de votre régime alimentaire.
Diététicienne diplômée d’Etat, Anaël Stolz est une spécialiste de la rééducation nutritionnelle. En milieu hospitalier, auprès de patients souffrant de troubles du métabolisme (obésité, diabète) comme du comportement alimentaire, elle a expérimenté et validé une méthode d’enseignement de l’équilibre nutritionnel.
Sur moncoachingminceur.com, Anaël Stolz vous fait partager ses connaissances diététiques, et vous livre recettes et astuces pour les mettre en œuvre au quotidien.
Pourquoi avez-vous choisi de devenir diététicienne ?
J’adore les bons produits et passer du temps à les cuisiner, donc je me suis dit que je pourrai sans problème en parler tous les jours ! Plus sérieusement, j’ai été confrontée au sein de ma famille aux troubles du comportement alimentaire. Les techniques à mettre en œuvre pour retrouver un équilibre alimentaire - adapter les recettes, chercher à varier au maximum les saveurs et les textures, réintroduire le plaisir à table, etc. – m’étaient déjà familières, c’est assez naturellement que j’ai décidé d’en faire mon métier.
Selon vos observations, quels sont les principaux facteurs de surpoids ?
Le premier est à l’évidence la sédentarité. Ensuite, il y a l’abondance de l’offre alimentaire, et la multiplication des produits transformés : faute de savoir décrypter les étiquettes de composition, il est souvent difficile de choisir les meilleurs sur le plan nutritionnel. De façon plus générale, on croule sous l’information nutritionnelle, parce que le sujet est à la mode, mais les discours sont parfois contradictoires, et les gens s’y perdent.
Enfin, nous vivons dans une société qui veut croire aux solutions magiques, faciles et instantanées, y compris pour perdre du poids. Plutôt que de modifier notre alimentation durablement, on traumatise notre corps régulièrement à coups de restrictions, et il le garde en mémoire. Résultat : il stocke d’autant plus au premier excès, tout le poids perdu est repris, avec souvent quelques kilos en plus.
En milieu hospitalier, vous avez mis en place des ateliers de rééducation alimentaire : de quoi s’agit-il ?
L’objectif de cette rééducation est de donner des bases solides pour mieux comprendre ce qui ne va pas dans notre façon de manger et prendre de bonnes habitudes. Concrètement, je commence par dispenser un maximum d’informations sur les aliments : à quel groupe d'aliments appartiennent-ils ? Quels sont leurs apports nutritionnels ? Comment les répartir dans la journée?
Ensuite, on passe à la pratique en cuisine, l’idée étant de prouver aux gens qu’on peut se préparer des repas équilibrés rapidement, à moindre coût et sans déployer de techniques complexes. Par exemple, on vous vend toutes sortes de plats cuisinés à réchauffer en 7 minutes – dans le même temps, vous pouvez réchauffer une boîte de haricots verts au micro-ondes et cuire une escalope de dinde à la poêle : le résultat sera tout aussi savoureux, moins cher, et vous en maîtriserez la qualité, la quantité et la composition.
Qu’est-ce qu’une alimentation variée et équilibrée ?
L’équilibre alimentaire, c’est bien sûr d’abord des apports en énergie qui correspondent aux dépenses de l’organisme, mais pas seulement : il s’agit aussi de bien répartir les apports en nutriments énergétiques entre glucides, protéines et lipides, le tout sur la durée – l’équilibre se joue en effet sur au moins une semaine.
Concrètement, un repas type doit comprendre une crudité (fruit ou légume cru), une cuididité (fruit ou légume cuit), des protéines, des féculents et un laitage. Rien d’insurmontable : c’est parfaitement possible avec un sandwich poulet-crudités et une compote de fruit par exemple !
Pour varier les plaisirs, la clé, c’est votre curiosité gustative : plus vous chercherez à découvrir de nouveaux ingrédients, de nouvelles techniques de cuisson, de nouvelles idées de recettes, plus votre alimentation aura de chance d’être équilibrée.
Quel lien voyez-vous entre le comportement alimentaire et les émotions ?
Notre état émotionnel joue dans notre rapport à l’alimentation : selon qu’on se sent bien ou mal, l’appétence pour le sucré change, par exemple. De plus, nous avons tous reçu une éducation gustative au sein de notre famille : selon qu’on aura bénéficié d’une transmission de connaissances nutritionnelles et de savoir-faire en cuisine ou pas, on sera plus à même d’organiser son alimentation au quotidien…
La phase la plus difficile d’une rééducation diététique, c’est la prise de conscience de l’existence de troubles ou de désordres, surtout s’ils sont considérés comme normaux par la cellule familiale. La démarche consiste ensuite à se recentrer sur soi, et à se sentir responsable de ses choix alimentaires, tout en conservant aux repas leur dimension conviviale, et sans se décentrer trop de sa culture culinaire par exemple, ou de son rythme de vie. Deux indices d’une rééducation nutritionnelle réussie : on a le sentiment de prendre soin de soi en se préparant de bons petits plats, et on éprouve du plaisir à les manger !
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