Psycho: écouter, déculpabiliser et motiver
Pas aimée ou aimée, je grossis !
Le 10/01/2013 par Fabienne Kraemer
Quand je ne suis pas amoureuse, je grossis, quand je suis amoureuse, je grossis aussi ! Célibataire, la frustration affective me fait prendre du poids, en couple, la plénitude aussi !!!!
L’appel du frigo en période de frustration affective est souvent une constante. Passés les quelques jours « bénis » de sidération de la faim par la douleur d’une rupture, rapidement, y succède une période de « gavage » en règle. Et il n’est pas rare qu’au final, la vie de célibataire se résume par des soirées télé, gâteaux, bonbons, chocolat…
Si l’on peut comprendre que « frustration affective » rime avec réconfort alimentaire, il est plus difficile de s’expliquer pourquoi après l’euphorie des premiers mois d’une relation amoureuse, qui eux aussi sont bénis parce qu’ils coupent l’appétit, survient insidieusement une période de reprise de poids. Au moment, où la séduction est à son comble, où l’on souhaite être avant tout à son avantage dans les moments délurés que l’on vit mais aussi au bras de l’autre, et bien la balance elle ne l’entend pas de cette oreille là et se remet à la hausse !
Explication : la compensation alimentaire procède du phénomène : punition – récompense.
En période de frustration affective, on boulotte pour se faire du « bien » sur le moment pour se réconforter pour se dire que l’on est bien malheureux (se) mais que l’on mérite mieux, bref pour se donner un peu de plaisir immédiat. Souvent ces périodes désespérées se teintent d’aquoibonisme ! A quoi bon faire des efforts puisque personne ne nous veut ou pire ne nous mérite ? On s’enferme un brin dans un cocon qui comprend le canapé, l’écran, le pyjama, et la boite de gâteaux… Alors bien étendu la combinaison diminution de l’activité physique - car on ne trouve plus le temps d’aller à la salle de sport - et grignotage est le plus sûr chemin vers la reprise de kilos… c’est une période où en quelque sorte on attend vautrée sur le canapé, l’effet boomerang qui ne manquera pas d’arriver, le moment où l’on se « dégoûtera » de tant de laisser-aller et où l’on s’en voudra tellement que l’on se « reprendra en mains » c’est-à-dire qu’on puisera dans l’énergie du désespoir et dans la haine de soi, la force de la contrainte. D’un coup d’un seul on se sentira à nouveau capable de ne manger que du fromage blanc 0% et des tomates, en même temps qu’on trouvera sans rien y comprendre la force de courir 3 fois par semaine à perdre haleine.
Le poids ne tarde pas alors à s’améliorer, et l’on redevient « fière de soi » alors qu’à bien y penser, on n’est pas dans une démarche de « bien-être » mais bien de « punition ». Il s’ensuit alors une contradiction profonde : on finit par s’aimer quand on se punit et par se détester quand on se récompense : ça s’apparente à du masochisme, non ?
Estime de soi et culpabilité
Que faire ? Le travail à effectuer pour rompre le cercle vicieux : récompense – punition, est avant tout un travail sur l’estime de soi et sur la culpabilité. Lorsque l’on se sent mal aimée, il est fréquent que l’on se sente en fait « mal aimable ». Et la confusion prend tout son sens dans notre comportement alimentaire. Il nous faudrait un regain d’orgueil immédiat, un bond dans le narcissisme, et une sensation arrogante de n’être pour rien dans tout ça. Autant dire que les champions, championnes de l’estime de soi ne sont pas légions, et qu’il est bien difficile de ne pas se remettre en question après une rupture ou face à un désert affectif. Il faudrait réussir à trouver d’autres modes de compensation comme se plonger dans un projet, refaire son appartement de fond en comble, partir en voyage… Ce n’est pas toujours aussi évident que grignoter des gâteaux !
Il suffit souvent de faire un travail sur l’estime de soi, pourquoi pas en se faisant aider sur quelques séances, pour retrouver alors un état d’esprit plus positif vis-à-vis de soi qui s’accompagne souvent d’un désir en parallèle de se faire du bien en mangeant sainement, en bougeant raisonnablement et en se faisant du bien…
Pour autant, il ne faut pas croire que la relation amoureuse protège de la prise de poids ! Il n’est pas rare que l’on prenne du poids au bout de quelques mois d’une relation amoureuse. Certes, il ne s’agit plus de grignoter seule devant la télévision mais de ne pas avoir envie de se priver dans les moments de convivialité.
Au sortir d’un régime draconien que l’on avait entrepris comme une reprise en main – nous avons vu que c’était plutôt une mission commando d’autopunition – on est plus fragile pour une reprise en flèche de poids ! Les petits apéritifs du soir, les sorties au restaurant, les tête-à-tête accompagnés de petits plats sympathiques sont autant d’occasion de prendre du poids. Et l’on a encore déserté le jogging car cette fois on préfère rester au lit avec son amoureux ! Dans notre esprit sous hormones euphorisantes, il n’est plus question de se faire du mal, mais bien de se faire du bien, de profiter de ce moment béni lui aussi, où l’on aime et on se sent aimé. La reprise en main sera pour demain ! Dans ces moments-là, on sent bien que d’ici peu, ça va devenir problématique, que l’on sera moins bien dans son corps au bout d’un moment, que tout s’en ressentira, mais on n’a pas envie de se priver… pas envie de se punir.
Ce mode de fonctionnement est encore le même, c’est un rapport punition – récompense à l’alimentation. Il nous semble que pour dire non, au verre de trop ou au dessert de plus, il faut que l’on s’en punisse, que l’on se prive ! Et au final, ici aussi on compte sur le ressort de la culpabilité pour réagir…
C’est une mauvaise pente, qui génère une oscillation constante entre du poids en plus, du poids en moins. Au total c’est parce que l’on ne réussit pas à dissocier l’alimentation de notre rapport affectif aux choses de la vie. On ne mange pas pour se nourrir et être en bonne santé, mais pour accompagner les mouvements affectifs de notre vie.
C’est encore, un travail à faire pour regagner de la liberté vis-à-vis de notre comportement alimentaire. Il s’agit d’apprendre à ne pas confondre lâcher-prise et laisser aller, et liberté et excès.
Reprendre sa liberté vis-à-vis des diktats des normes imposées du poids par les journaux mais aussi vis-à-vis de la tyrannie des aliments et de notre dépendance affective à l’alimentation, est une démarche certes plus compliquée que de jouer sur le ressort punition - récompense, mais elle permet d’accéder à une certaine légèreté psychique, et physique, à une réelle libération de l’emprise de l’obsession alimentaire. Travailler son comportement alimentaire pour se libérer du cercle vicieux punition – récompense, c’est peut-être s’émanciper de conduites immatures, en deux mots, c’est devenir adulte.
Quelques pistes :
Célibataire :
- Décider de ne jamais manger devant un écran
- Refuser de s’interdire des aliments
- Faire 2 collations par jour
- Marcher ½ heure par jour à un bon rythme avec de la musique
- Entreprendre un projet quotidien pour inscrire la période dans un espace temps limité (ex : une photo par jour, un journal, un ouvrage de dame…)
En couple :
- Ne pas se resservir ni en alcool, ni en plat
- Réserver le côté festif à un rituel par semaine
- Circonscrire l’alcool à 1 ou 2 verres par jour, toujours au même moment dans les mêmes circonstances : 1 verre et un bain ensemble ou 1 verre devant le feu, ou 1 verre pendant que l’on prépare le repas…
- Ne pas s’oublier dans la relation
Pour en savoir plus retrouvez-moi sur mon site www.fabienne-kraemer.com
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