Il y a du nouveau du côté des additifs alimentaires : les nanoparticules. Ces derniers se cachent dans des sucreries et autres, sans pour autant que ce soit spécifié sur les emballages. Le magazine « 60 Millions de consommateurs », dans son édition de Septembre, s’inquiète des effets néfastes pour la santé et déplore la non transparence des industriels.
Comment arrivent les nanoparticules ?
Les nanoparticules arrivent dans nos assiettes par l’intermédiaire des pesticides, des emballages mais également des conservateurs et des additifs alimentaires, avec principalement l’E171 et l’anti-agglomérant E551. Les surfaces de découpe, ustensiles de cuisine, parois de réfrigérateur ou filtres à eau seraient encore plus susceptibles de contenir des nanoparticules.
Les nanoparticules sont utilisées dans les matériaux au contact des aliments pour renforcer leur solidité et les protéger. Dans les réfrigérateurs, l’effet recherché est également de mieux conserver les aliments en les protégeant contre les UV, éviter la perte d’arômes et les échanges gazeux, lutter contre l’humidité et les microbes, …
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Dans l’agroalimentaire et les cosmétiques
Le magazine a pratiqué des tests sur divers additifs, notamment l’additif E171 (ou dioxyde de titane) qui est très utilisé dans l’alimentation et les cosmétiques. Ce dernier est composé en partie de nanoparticules, qui sont optimisées sous la forme nano, 50 000 fois plus petite qu’un cheveu. De petites quantités certes, mais qui peuvent remettre en question l’effet sur la santé, parce que ces nanoparticules passent plus facilement les barrières physiologiques, selon l’association.
Pour donner suite à leur étude, 60 Millions de Consommateurs a testés 18 produits sucrés, systématiquement il a été retrouvé du dioxyde de titane dans diverses proportions : entre 10 % à 100%. Parmi les produits testés, on retrouve aussi des marques célèbres telles que : Napolitain de Lu (12%), les gâteaux glacés Monoprix Gourmet (100%) et même les M&M’s (20%)
Il est important de préciser que la présence d’E171 apparaît clairement sur les étiquettes, mais jamais la mention nanoparticules. Si cet additif en lui-même ne présente pas de danger particulier sous forme microscopique, sa présence à l’état nano est plus problématique.
« On ne sait pas grand-chose sur cette forme nano. C’est ça qui nous pose problème, d’autant plus qu’une étude récente de l’Inra est parue en janvier 2017, qui entraîne un peu de suspicion », explique Patricia Chairopoulos, co-autrice de l’étude.
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De potentiels dangers pour la santé qui restent à prouver
À ce jour, les effets potentiels sur l’homme restent à démontrer, mais suite à la publication d’une étude de l’Inra (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) publiée en début d’année, l’Anse (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) rendait un avis quelque peu alarmant sur les résultats de cette étude.
Les chercheurs de l’Inra ont fait ingérer à des rats, du dioxyde de titane contenant 40 à 45% de nanoparticules. Après 100 jours d’exposition au E171, ils ont observé que le dioxyde de titane avait entraîné dans le côlon une croissance accélérée de lésions, initialement bénignes comme les polypes, mais considérés comme des lésions précancéreuses. L’Anse a donc recommandé de limiter l’exposition des consommateurs à l’additif E171, en favorisant les produits sans nanomatériaux.
« Lorsqu’une substance étrangère s’immisce au sein-même d’une cellule, on peut évidemment supposer qu’il peut y avoir des dégâts, en tout cas un dérèglement de certaines de ces cellules », a expliqué à l’AFP Patricia Chairopoulos, en reprochant aux industriels concernés, sinon de mentir, pour le moins de faire preuve de « manque de vigilance » et de « manque de rigueur ».
Comment identifier les nanoparticules dans notre alimentation ?
Afin de mieux s’y retrouver, l’association APE (Agir pour l’Environnement) a également mis en ligne une base de données qui répertorie plus de 200 produits alimentaires suspectés de contenir des nanoparticules. Dans ce guide, nous retrouvons des bonbons, des chewing-gums, soupes, épices, biscuits, etc.
Les enfants, les premiers exposés
En jetant un coup d’œil à cette base de donnée, nous comprenons rapidement que les enfants sont les premiers exposés aux nanoparticules. Plus de la moitié des produits concernés sont destinés aux enfants.
L’étude précise l’ensemble des produits testés et leur teneur en dioxyde de titane. Mais les chercheurs insistent sur la nécessité de réguler les teneurs dans les produits alimentaires car ce sont de loin, les plus susceptibles de représenter un risque potentiel pour la santé des humains et des animaux et de contaminer l’environnement.