La plupart du temps, quand on parle de régime c’est surtout pour perdre du poids, les petits kilos superflus. Cependant, nous oublions souvent les personnes qui au contraire, n’arrivent pas à grossir.

Pour les personnes touchées, la maigreur constitutionnelle est un véritable complexe, qui doit être différencié de l’anorexie.

Manger des chips, du chocolat, des hamburgers … tous les jours sans prendre un seul gramme, c’est un peu le rêve de tout le monde. Mais un rêve qui pour beaucoup se transforme en cauchemar. Souvent accusées d’être anorexique, les personnes qui souffrent de maigreur constitutionnelle sont souvent mal dans leur peau, tout autant que les personnes en surpoids.

Maigreur constitutionnelle ?

Des professeurs du CHU de Saint-Etienne, spécialisés du service d’endocrinologie, nutrition et troubles du comportement se sont penchés sur le sujet et établis un protocole. Après avoir écarté la possibilité de maladies ou problèmes psychiatriques, il reste la maigreur constitutionnelle.

Les tests médicaux proposés par les hôpitaux ont pour objectif d’effacer tous les soupçons d’anorexie, maladies digestives, troubles de croissance ou dérèglement de la thyroïde.

La première étape consiste donc à calculer l’indice de masse corporelle (IMC). En deuxième temps, les médecins étudient la composition du corps du patient. Un micro scanner reconstitue les os de l’avant-bras du patient, puis ce dernier passe une densitométrie osseuse afin d’évaluer la qualité des os et de déterminer le pourcentage de masse grasse de son corps.

Pour terminer, les médecins établissent la balance énergétique du patient. C’est-à-dire comparer ses apports alimentaires et sa dépense énergétique quotidienne. Un autre examen permet de mesurer la quantité d’oxygène respiré et de CO2 rejeté

Une question de génétique

Avant toute chose il faut savoir que « le poids est génétiquement déterminé chez l’homme comme chez la femme », déclare le Professeur Estour. Contrairement aux idées reçues, il ne suffit pas de manger plus pour grossir, il s’agit en réalité d’une véritable résistance à la prise de poids.

En fait, « la maigreur constitutionnelle est avant tout une question de génétique, de patrimoine qui se transmet …» conclut le Professeur.

L’équipe a mené une étude sur des patients âgés de 18 à 35 ans, pendant un mois. Ils ont été séparés en deux groupes et ont reçu 700 calories supplémentaires par jour. À la fin de l’expérience, les chercheurs ont remarqué que le groupe témoin a pris 1,5 kg, ces derniers ont gardé ces kilos supplémentaires pendant au moins 3 mois. L’autre groupe, qui souffre de maigreur constitutionnelle n’avait pris que 700g, mais on tout perdu dans la semaine qui suivait l’arrêt du régime.

Ne pas confondre

Il ne faut pas confondre anorexie mentale et maigreur constitutionnelle. En effet, habituellement les personnes souffrant d’anorexie mentale sont en situation de sous-nutrition, ce qui n’est pas le cas des personnes atteintes de maigreur constitutionnelle.

Une autre étude, toujours menée par le Professeur Estour et son équipe, a comparé des personnes souffrant d’anorexie mentale et des personnes atteintes de maigreur constitutionnelles. Ces derniers ont découvert que chez les femmes anorexiques ; les règles s’arrêtaient, tandis que chez celles touchées par la maigreur constitutionnelle, elles continuaient à être parfaitement normales.

Toujours à Saint-Etienne, une équipe de chercheurs travaillent depuis de nombreuses années sur le pourquoi de la maigreur constitutionnelle. Une partie de l’étude est achevée et les résultats partiels sont assez surprenants.

« L’objectif de l’étude dans un premier temps est de voir si la dépense énergétique des personnes en maigreur constitutionnelle peut être comparée à des populations témoins. L’intérêt étant de savoir si le fait que ces personnes n’arrivent pas à grossir est lié au fait qu’elles dépensent plus d’énergie », explique Christophe Montaurier, ingénieur au laboratoire de nutrition humaine à l’Inra.

Ils ont étudié soixante volontaires, la moitié d’entre eux sont des « témoins de poids normal » et les autres des maigres constitutionnels. Les résultats sont étonnants comme le confirme l’ingénieur : « Les femmes témoins dépensent plus d’énergie sur l’ensemble de la journée que les femmes maigres constitutionnelles. Tout cela pour un même programme d’activités sur 24 heures. Ce résultat demande à être approfondi pour connaître la raison exacte du fait qu’en mangeant correctement, ces personnes ne prennent pas de poids ».

Une question de graisse brune ?

L’hypothèse la plus probable parmi les nombreuses suggestions données est : la graisse brune. Saviez-vous que nous avons deux types de graisses dans notre corps ? La graisse blanche, la « mauvaise graisse », cette dernière stocke et favorise la prise de poids, tandis que la graisse brune a pour rôle de dépenser de l’énergie en émettant de la chaleur.

Ce sont grâce aux propriétés de ces deux types de graisses, que les chercheurs sont arrivés à cette hypothèse « La graisse brune serait plus présente chez les maigres constitutionnels » détaille le Professeur Bruno Estour.

Pour valider un peu plus cette hypothèse, les chercheurs ont également filmé avec une caméra thermique, le dos des patients, afin de mesurer l’émission de chaleur de leur corps. Les observations montrent que l’émission de chaleur provenant des zones de graisses brune était plus importante chez les personnes atteintes de maigreurs constitutionnelle.