Pendant l’exécution d’une tâche, les personnes bilingues économisent plus de ressources cérébrales que les unilingue. Pourquoi ? Eh bien c’est à cause du fait que les connexions cérébrales sont plus centralisées et plus efficaces.

Une étude menée par l’Université de Montréal, confirme cette hypothèse. Les chercheurs ont comparé les réseaux cérébraux de bilingues et d’unilingues, ces réseaux cérébraux sont comme des sortes « d’autoroutes » qui permettent la circulation et le traitement des informations.

Une étude qui confirme cette hypothèse

Les volontaires ont exécuté une tâche qui demandait de se concentrer sur une information visuelle (la couleur d’un objet) tout en ignorant une information dite « spatiale » qui est présentée en même temps (dans ce cas-là, la localisation de l’objet). Afin d’avoir des résultats précis, les chercheurs ont observé l’activité cérébrale des volontaires en temps réel.

Qu’est-ce qui a été constaté ?

Le cerveau unilingue mobilise un ensemble de régions (comme le traitement visuel, moteur…) pour analyser cette image. Autrement dit, il recrute plusieurs zones pour réussir la tâche.

Le cerveau bilingue au contraire, privilégie la zone de traitement visuel, experte dans la détection des caractéristiques visuelles des objets. En d’autres termes, le cerveau n’utilise qu’une zone du cerveau pour accomplir la tâche.

Oui, mais pourquoi ?

Grâce à des années de pratique quotidienne de gestion de l’interférence entre deux langues, les personnes bilingues sont devenues de vrais spécialistes dans la sélection des informations les plus importantes. Cette pratique quotidienne de changement de langues, permette aux bilingues de pouvoir inhiber avec plus d’efficacité, les informations qui pourraient distraire.

Une faculté qui se développe tout au long de la vie.

En effet, l’obligation de jongler entre deux langues, la langue maternelle et la langue apprise, offre aux personnes bilingues un meilleur contrôle des fonctions exécutives de leur cerveau. En d’autres termes, les facultés d’attention, de mémoire, de raisonnement développé par l’apprentissage de la langue sont renforcées. Un avantage pour l’apprenant, qui peut ainsi traiter chaque information plus rapidement et s’adapter plus efficacement à l’évolution d’une situation dans leur vie quotidienne, par exemple. Les aptitudes de contrôle cognitif, la flexibilité mentale, la capacité à exécuter des tâches demandant des changements, le suivi et le contrôle de conflit sont ainsi plus aisés pour une personne bilingue.

Ces données et résultats indiquent que le cerveau bilingue est plus efficace et économe, car il recrute moins de zones du seulement, et seulement les régions « expertes » Les connexions fonctionnelles des personnes qui parlent deux langues sont plus centralisées et pointues, au contraire des unilingues, qui eux doivent activer plusieurs zones cérébrales afin d’exécuter la tâche demandée. De plus, les régions cérébrales qui sont utilisées ne sont souvent pas les « bonnes » régions.

Le cerveau bilingue, mieux armé contre les maladies cérébrales.

Encore plus surprenant, les bilingues obtiennent le même résultat en évitant de solliciter des régions frontales, qui sont plus sensibles au vieillissement. Ce résultat pourrait expliquer pourquoi l’apparition de signes de déclin cognitif ou démence est plus retardée chez les bilingues.

Et donc, poursuivent les chercheurs, « nous constatons que le bilinguisme influence concrètement le fonctionnement du cerveau et que cela pourrait avoir un impact positif sur le vieillissement cognitif. On n’a pas fini de découvrir tous les avantages du bilinguisme ! ».

Tous les cerveaux bilingues ne sont pas pareil

En fonction de l’âge d’apprentissage d’une autre langue, des expériences personnelles et de l’environnement où on grandit, les personnes bilingues présentent des différences au niveau de la structure neurologique de leurs cerveaux.

En fait, il existe deux types de bilingues : le bilinguisme simultané, quand une personne apprend deux langues à la naissance, et le bilinguisme d’acquisition, quand une personne acquiert une seconde langue au cours de sa vie.

Bilingues de naissance, plus de facilité

Il a été constaté que les bilingues de naissance avaient avait un volume de matière grise du cortex pariétal inférieur gauche plus accru. En d’autres termes, c’est cette partie du cerveau qui permettrait à ces personnes d’équilibrer leurs connaissances dans une langue comme dans l’autre, et de passer d’une langue à l’autre sans difficulté.

Le volume de matière blanche, (des faisceaux qui connectent la matière grise et transmet les informations entre les celles nerveuses) est également plus important dans le cerveau d’un bilingue.

Vous pouvez toujours apprendre une nouvelle langue, même adulte

Comme on le rapporte dans The Telegraph http://www.telegraph.co.uk/education/educationopinion/10315238/Are-children-really-better-at-foreign-language-learning.html, « Les adultes qui ne réussissent pas à apprendre une autre langue sont souvent ceux qui apprennent à la maison en utilisant des programmes informatiques ou des applis. Sans le soutien d’un professeur ou de partenaires de conversation réguliers, l’étude est souvent non structurée. »

Des recherches publiées dans Frontiers in Psychology http://journal.frontiersin.org/article/10.3389/fpsyg.2014.01116/full poursuivent :

« Concernant l’expérience bilingue, bien qu’il soit généralement vrai que le plus tôt l’apprentissage d’une seconde langue (L2) est fait, le plus tôt on en obtiendra la maîtrise de façon équivalente à la langue maternelle [c.-à-d. l’effet de l’âge d’acquisition (AoA)], […] il est maintenant accepté qu’il est possible de développer de hauts niveaux de maîtrise de L2 malgré son apprentissage tardif.

Ce qui est encore plus encourageant, la preuve est maintenant faite que le cerveau présente une malléabilité considérable résultant de l’expérience de l’apprentissage d’une langue, entraînant des changements autant fonctionnels que neuro-anatomiques tout au long de la vie. »

Alors, si vous êtes un adulte qui aimerait apprendre une seconde langue, il n’est pas trop tard. Pour de meilleurs résultats, vous pourriez considérer suivre un cours dans une institution où vous pourriez recevoir un soutien régulier et trouver des partenaires de conversation au lieu d’apprendre par vous-même.